Le Danube, le plus long fleuve de l'Union européenne, traverse dix pays. Mais quel est l'impact des activités humaines sur ce fragile écosystème fluvial ? Et comment protéger sa biodiversité ? Telle est la mission de REXDAN, un projet de recherche européen multidisciplinaire mené grâce aux laboratoires présents à terre, et sur ce navire, qui dispose de la plus grande structure de ce genre dans les eaux continentales européennes. Et qu’évalue-t-il au juste ?
"On prend la qualité de l'atmosphère dans un rayon de quinze kilomètres", explique Lucian Georgescu, directeur du projet REXDAN. "On prend la qualité de l'eau, du biota, c’est-à-dire tout ce qui vit à partir de petits éléments microscopiques, jusqu'aux grands animaux. On veut savoir ce qui se passe ici, quels sont les dangers pour l'écosystème global".
Le [Delta du Danube](https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9serve_de_biosph%C3%A8re_du_delta_du_Danube https://whc.unesco.org/fr/list/588/) abrite une réserve de la biosphère. Le changement climatique et les activités humaines ont un impact réel sur l'état des eaux, des sédiments et sur l’ensemble des écosystèmes en présence. Le projet européen REXDAN s’appuie sur des spécialistes, comme Ștefan Petrea, qui s’intéresse à quatre espèces d’esturgeons, dont trois sont déjà menacées.
"De nos jours, il existe de nombreux contaminants récents", explique Ștefan Petrea, chercheur, "et on ne sait pas vraiment quels sont leurs effets sur l'esturgeon. L'objectif est de créer une grille d’analyse complexe et intégrée, qui servira d'outil d'aide à la décision pour les décideurs, afin d'adopter une solution appropriée pour la conservation de ces espèces menacées".
Ces eaux internationales se trouvent aux confins de l’Ukraine, de la Moldavie et de la Roumanie. Ces chercheurs roumains prélèvent des échantillons et les analysent au sein des laboratoires du bateau, et dans les autres dévolus au projet REXDAN à l’université UGAL de Galati, pour mesurer, par exemple, la pollution due aux microplastiques.
"Les microplastiques sont considérés comme des moyens de véhiculer d'autres polluants, comme les métaux, les composés pharmaceutiques, les pesticides et d'autres agents pathogènes", indique Màdàlina Càlmuc, assistante de recherche. "On estime que le Danube charrie près environ 50 tonnes de microplastiques par an sur le territoire roumain. La Commission européenne vise à réduire la pollution par les microplastiques de 30 % d'ici 2030".
Le budget global du projet REXDAN s’élève à plus de 19,5 millions d’euros dont 85% sont financés par la Politique de Cohésion de l’UE, et 15% proviennent de fonds nationaux.
En Roumanie, le Danube assure l'approvisionnement en eau courante de près de six millions de personnes.
"Cette eau, c'est la vie", poursuit Lucian Georgescu. "Avec de l’eau polluée, la vie est plus compliquée et plus difficile. C'est pour nous, pour [la population] qu'on fait cela, [pour mesurer] l'impact de la pollution d'aujourd'hui, qui se verra sur la santé des gens dans dix ans".